בֵּין עָבָר... וְעָתִיד
Entre Passé... et Avenir
Rabbi Eliezer Berkovits
Le Peuple juif a-t-il encore un avenir ?
Pouvons-nous agir pour que le Judaïsme redevienne vivant et authentique, comme il le fut par le passé ?
À ces questions, Rabbi Eliezer Berkovits se propose de répondre. Ce grand érudit et penseur juif du XXème siècle présente une analyse lucide et courageuse sur l’état précaire du Judaïsme en Angleterre durant les années qui furent profondément marquées par la Shoah.
Ce constat l’amène à tirer des enseignements utiles et précieux destinés à redresser une situation qui semblait très préoccupante.
Après avoir pris lu les conclusions de ce livre, aurons-nous, nous aussi, la volonté de réagir avant qu’il ne soit trop tard ?
Table des Matières
Rabbi Eliezer Berkovits
Préface
Entre Hier et Demain
Un Nouveau Monde à Construire?
Le Souffle de Ses Lèvres
Juifs et Judaïsme
Conclusion
Lexique
Extrait du livre
“Ni par la force ni par la puissance, mais par Mon Esprit”.
Ces mots expriment un certain espoir, un réconfort. Mais y a-t-il plus qu’un simple réconfort et, peut-être, qu’une espérance illusoire, habilement conçue à l’intention de ceux qui ont besoin d’un tel réconfort et d’une telle espérance, parce qu’ils ont perdu toute force et tout pouvoir ? Est-ce qu’il y a dans ce verset une Vérité corroborée par les tribulations de notre vie ? Est-ce qu’il s’y trouve une Vérité confirmée par l’histoire ?
Il est vraiment bouleversant d’observer l’obstination avec laquelle nous, les Juifs – une nation qui a oublié depuis longtemps ce que sont la puissance et le pouvoir réels – avons toujours insisté sur ce principe : “ni par la puissance” . À maintes reprises, au cours de notre histoire, nous avons été contraints de subir la violence de ceux qui détenaient le pouvoir. Sans cesse, nous avons été confrontés, dans notre propre vie, à la brutalité que la puissance impose dans ce monde, et au destin sombre et sinistre réservé à ceux qui ne peuvent compter que sur leur force spirituelle et morale. Jamais sur Terre il n’y a eu d’autre nation que les Juifs pour avoir autant de raisons de respecter le pouvoir. Et malgré ce que les Juifs ont dû subir, aucune autre nation n’a regardé cette démonstration de force pure avec autant de répulsion. Sans cesse, nous avons été témoins du succès de la force et de la puissance physique, et sans cesse nous avons proclamé : “… ni par la puissance, mais par Mon Esprit, dit l’ÉTERNEL”.
Comment peut-on expliquer une telle attitude ? Comment peut-on s’attacher à l’Esprit avec autant d’obstination, face aux multiples malheurs qui semblent s’y opposer ? Est-ce que nous, Juifs, ne connaissons pas ce monde ? Ne savons-nous pas ce que vaut la nature humaine ? Ne connaissons-nous pas la vie ? N’avons-nous pas été suffisamment témoins des événements de l’histoire de l’humanité ? N’avons-nous pas toujours vu la force triompher, écraser les œuvres de l’Esprit, détruire sans aucune pitié les normes morales de la vie et briser tout ce qui, au nom de la justice, du droit ou de la vérité, se trouvait sur son chemin ? N’avons-nous pas appris que la seule chose qui peut humilier la force, c’est davantage de force ? Serions-nous vraiment présents sur Terre tout en ayant les yeux fermés sur ce qui se passe ? Ou peut-être nous accrochons-nous si obstinément à cette croyance irrationnelle en l’Esprit parce que nous sommes tellement impuissants qu’il ne nous reste plus rien que le réconfort des faibles, cet espoir du désespoir ?