
ל"ג בעומר
האש של רבי שמעון בר יוחאי
33ème jour de l’Omer
Le Feu de Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï

רַב דָּוִד אַגְמוֹן
Rav David Agmone

Le mérite de Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï
L’un des plus kabbalistes les plus éminents, Yossef Ḥayim de Bagdad (1833 – 1909), surnommé בֶּן אִישׁ חַי ‘Ben Ich Ḥaï’ d’après le titre de son principal ouvrage, a composé un poème en l’honneur de Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï. Ce poème est devenu par la suite un chant qui a été repris à maintes reprises, en particulier le jour anniversaire de sa disparition, le 33ème jour de l’Omer. Les mots choisis pour décrire les qualités exceptionnelles du Maître du Zohar témoignent d’un très haut niveau d’estime, comme le montrent ces quelques exemples : ‘Homme proche du CRÉATEUR… qui a interprété toutes les énigmes… sa TORA nous protège, elle éclaire nos yeux...'
Ces mots sublimes nous laissent entrevoir un aperçu de ce que fut la grandeur de Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï et l’influence exceptionnelle de son enseignement sur les générations ultérieures. Chaque année, le jour de Lag BaOmer, des centaines de milliers de fidèles se rendent à Merone pour se recueillir près de sa tombe… des plus grands Maîtres ḥassidiques aux plus simples des Juifs. Comme le disait le Rabbi de Karline, ‘Tout comme l’ÉTERNEL les attire tous, de même Rabbi Chim’one les attire tous, même ceux qui ont fauté’. Sa tombe est comme un Aimant Spirituel qui, chaque jour tout au long de l’année, attire des dizaines de milliers de personnes.
En ce qui concerne Rabbi Ḥayim Ben ‘Atar, connu sous le nom אוֹר הַחַיִּים ‘la Lumière de la Vie’, il est dit que, lorsqu’il arriva du Maroc en Israël, il entama son périple en se rendant auprès de tombes de différents Tsaddikim ; mais lorsqu’il arriva au pied du mont Merone où Rachbi est enterré, il descendit de son âne et il commença à gravir la colline à genoux, en pleurant et en se lamentant tout au long du chemin : ‘Où est-ce que je m’apprête à entrer, alors que j’ai si peu de valeur ! Vers un endroit flamboyant où se trouvent l’ÉTERNEL et sa Suprême Assemblée, ainsi que les NECHAMOT de tous les Tsaddikim !’
Il est écrit dans la Guemara : ‘Lorsque survient un danger, on peut compter sur Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï’ (Berakhot 9a). En vérité, nous sommes une génération en danger. Il semble que la venue en ce monde de Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï nous concerne en particulier, nous qui sommes la génération précédant l’arrivée du Machïaḥ. C’est ce qui est écrit dans תִּקּוּנֵי הַזֹּהַר ‘les Tikkounei HaZohar’ : ‘Qu'elles sont Grandes dans le monde, la Force et la Sainteté de Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï ! Et combien les hommes pourront s’enrichir en étudiant ton Livre quand il se révélera ici-bas au cours de la dernière génération à la fin des jours ! Par son mérite se réalisera le verset qui fait allusion à la Délivrance : « Et vous proclamerez la Liberté dans le Pays » (Lévitique 25, 10). Il est aussi écrit dans le Zohar que Moshé a dit à Rachbi : ‘Par le mérite de ce que tu as écrit, le Livre du Zohar, les Bnei Israël sortiront de l’exil avec Amour et Bonté’, sans malheurs ni souffrances, sans les douleurs de ‘l’enfantement’ du Machïaḥ.

La caverne des Secrets
Pendant une longue période qui dura treize années, Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï et son fils Rabbi El’azar restèrent cachés dans une grotte. Et là, ils purent accéder aux Secrets du Zohar.
La Guemara [Chabbat 33b] évoque la raison particulière pour laquelle ils furent obligés de se cacher : lors d’une réunion à laquelle participaient ‘Rabbi Chim’one, Rabbi Yehouda, Rabbi Yossé et Rabbi Yehouda Ben Guerim [‘fils de convertis’], Rabbi Yehouda commença par dire: ‘Comme cette nation [les romains] ont fait de belles choses ! Ils ont mis en place des marchés, construit des ponts, créé des bains publics’ ! Rabbi Yossé resta silencieux. Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï répondit : ‘Tout ce qu’ils ont fait, ils ne l’ont fait que pour eux-mêmes ! Ils ont mis en place des marchés pour y mettre des prostituées ; des bains publics, pour aller y prendre du plaisir ; des ponts, pour pouvoir prélever des impôts’ ! Yehouda Ben Guerim ébruita ce qu’ils avaient dit. Ces propos parvinrent aux oreilles des gouvernants et ceux-ci décrétèrent : ‘Yehouda, qui עִלָּה ‘avait vanté les mérites’ des romains, יִתְעַלֶּה ‘qu’il soit honoré’ ! Yossé, qui était resté silencieux, qu’il soit exilé à Tsipori [‘mon oiseau’] ! Et Chim’one, qui avait médit, qu’il soit tué’ ! Du fait de ce décret, Rabbi Chim’one décida de se cacher ; son fils et lui se rendirent dans une grotte où ils purent étudier la Tora. La Zohar ajoute : ‘Un miracle se produisit : un caroubier et une source d’eau apparurent ; ils purent ainsi manger des fruits de ce caroubier et boire cette eau. Eliyahou venait les voir deux fois par jour et il leur transmettait des enseignements. Mais personne ne le savait’ (Zohar Ḥadach, Parachat Ki Tavo).

La treizième année
La Guemara continue : après douze années pendant lesquelles ils restèrent dans la grotte, l’empereur romain mourut et le décret qui avait prononcé la mise à mort de Rachbi fut annulé. Le prophète Eliyahou vint à l’entrée de la grotte et il demanda : ‘Qui viendra annoncer à Rabbi Chim’one que l’empereur qui voulait le tuer est mort et que le décret a été annulé ? Rabbi Chim’one et Rabbi El’azar comprirent qu’il leur était alors permis de sortir de la grotte.
Lorsqu’ils sortirent, ils virent des travailleurs qui étaient occupés à labourer et semer leurs champs. La Guemara décrit leur réaction soudaine : ‘Quoi ! Ils délaissent la Vie du Monde à venir et ils ne s’intéressent qu’à cette vie éphémère’ ! Ils abandonnent la Tora pour des questions bassement matérielles ! Le résultat ne se fit pas attendre : ‘partout où se porta leur regard, tout fut brûlé’. Aussitôt, ils entendirent une Voix Céleste qui leur dit : ‘Vous êtes sortis pour brûler le monde que J’ai créé ! Retournez à votre grotte’ !
Ils restèrent à nouveau dans la grotte pendant douze mois. Après qu'ils soient sortis, Rabbi El’azar détruisait tous les endroits qu’il voyait, tandis que Rabbi Chim’one veillait à les reconstruire.
À cette époque, ils rencontrèrent la veille de Chabbat un vieil homme qui courrait avec deux branches de myrte à la main. Ils s'adressèrent à lui et ils lui demandèrent pourquoi il courrait . Il leur répondit : ‘Je prends ces branches de myrte en l’honneur de Chabbat’. Ils l’interrogèrent à nouveau : ‘Mais tu aurais pu prendre une seule branche’ ! Le vieil homme leur dit : ‘l’une correspond à זָכוֹר « souviens-toi… » [du jour de Chabbat], et l’autre à שָׁמוֹר « Observe… »’. Rabbi Chim’one dit alors à son fils : ‘Regarde combien les Bnei Israël aiment les Mitsvot’ (Chabbat 33b)!
La treizième année, il y eut un grand תִּקּוּן ‘une Réparation Spirituelle’. Le nombre 13 correspond à la valeur numérique du mot אֶחָד ‘Un’ et à celle du mot אַהֲבָה ’Amour’. Comme les disciples de Rabbi ‘Akiva manquaient de respect entre eux, une épidémie les décima presque tous. Parmi les cinq disciples qui survécurent, il y avait Rabbi Chim’one. Dans le Livre du Zohar, en insistant sur l’importance de l’amour au sein du Peuple, il réussit à réparer les torts qui avaient été précédemment commis...
Le Livre de l’amour
En fait, le Livre du Zohar ouvre le cœur de la Tora, c'est-à-dire : son Intériorité. C’est pourquoi il est écrit dans le Zohar ‘Et ceux qui ont l’intelligence יָבִינוּ ‘comprendront’, car leur Racine Spirituelle est la Sefira בִּינָה ‘Bina’, qui est appelée עֵץ הַחַיִּים ‘l’Arbre de Vie’… ‘Et comme les Bnei Israël goûteront à l’avenir de ‘l’Arbre de Vie’, qui est ce Livre du Zohar, ils sortiront de l’exil avec רַחֲמִים ‘Amour et Bonté’, et en eux se réalisera le verset de la Tora « Seul HACHEM les guide ; avec Lui, il n’y a pas de dieu étranger »’ (Zohar Nasso). Le Rav Scheinberg dit que ‘plus nous étudierons ce Livre du Zohar, et plus se révèlera le Bien qui règne dans le monde ; et il ne sera pas nécessaire de parvenir à notre finalité par la voie des malheurs. Mais nous aurons le mérite d’y accéder avec joie, grâce à la Volonté de Celui Qui est appelé ‘Volonté des volontés’, c’est-à-dire grâce à la Révélation de la Volonté authentique de l’ÉTERNEL Qui a créé le monde pour prodiguer le Bien à Ses créatures. Et grâce au mérite de Rabbi Chim’one Bar Yoḥaï qui est l’auteur de ce Livre, les Bnei Israël sortiront de l’exil avec Amour, très bientôt si D. le veut’…